- LOS ANGELES (V. de)
- LOS ANGELES (V. de)LOS ANGELES VICTORIA DE (1923- )Née à Barcelone, Victoria de los Angeles a bien porté le nom qu’elle s’est choisi. Elle a eu la voix des anges. Sa carrière a commencé comme un feuilleton. Elle chantonnait dans les locaux universitaires où son père était gardien. Une musicalité innée, plus rare encore que le don vocal, et affinée par un travail auprès de Pablo Casals, devait la placer d’emblée au sommet. Ses débuts au Liceo de Barcelone (la Comtesse des Noces de Figaro ) suivirent de deux ans ses premiers succès au concert, également placés sous le signe de Mozart (La Messe du Couronnement , 1944). Lauréate du prix de Genève en 1947, elle se faisait sacrer à Paris (Marguerite de Faust , 1949) et à Covent Garden (Mimi, 1950), avant la Scala (Ariane à Naxos ) et enfin New York (Marguerite encore, 1951). Il n’y a pas de secret à cette ascension immédiate. La voix de Victoria de los Angeles était simplement unique, un soprano d’une pureté et d’une beauté lumineuses, mais coloré à l’espagnole par un médium exceptionnellement riche, dont le charme émotionnel comptait en scène plus que son jeu, lui, toujours limité.À de rares exceptions près, une Anna à la Scala après son Ariane, une très inattendue Elisabeth de Tannhäuser à Bayreuth en 1961, à la demande de Wieland Wagner, Victoria de los Angeles a suivi des chemins tout tracés. C’est au répertoire, au grand répertoire public, qu’elle apporta le signe de l’excellence, ainsi qu’une sorte d’humilité mystique qui le transfigurait: Mimi, Butterfly, Marguerite, Manon furent ses incarnations suprêmes. Avec des chefs comme Beecham et Monteux elle en a laissé des enregistrements exemplaires. Beecham la persuada même d’essayer Carmen au disque (après leur Bohême de légende): et le résultat est historique. D’entrée de jeu, Los Angeles avait choisi de consacrer une large part de sa carrière au récital. Linguiste convenable, le charme vocal agissant toujours plus chez elle que le génie des mots, elle charmait dans Fauré et Schubert. Bien-aimée de tous les publics, elle a donné à la mélodie espagnole une audience mondiale, la mettant de pair avec les répertoires allemand et français. Refermant régulièrement le piano, elle n’hésitait pas à accompagner elle-même, à la guitare, ses derniers «bis».
Encyclopédie Universelle. 2012.